La foi en Daishi dans diverses régions du Japon

La foi en Daishi dans diverses régions du Japon

Divers mouvements religieux liés à la foi en Daishi

Nyujo Shinko, croyance que Daishi est toujours vivant et veille sur les fidèles

En 921, l’empereur Daigo attribua au moine Kukai le nom posthume de « Kobo Daishi » (Grand Instructeur qui a répandu la Loi). L’abbé du temple Toji, Kangen, monta alors jusqu’au Koyasan pour apporter cette nouvelle. Lorsque l’on ouvrit le mausolée de l’Okunoin, il trouva Daishi, qui semblait être en méditation, dans un état identique à celui qu’il avait de son vivant. De cette histoire naquit la croyance (nyujo shinko) que Daishi continue de vivre, en état d’illumination, dans l’Okunoin, où il prie pour la paix et veille sur le bonheur des hommes. La croyance Nuyjo se répandit rapidement après que Michinaga Fujiwara se rendit au mont Koya en 1027. Le poème qu’il écrivit alors, où il évoque Kobo Daishi vivant à l’ombre d’un rocher de la montagne, s’est transmis jusqu’à nous.
Le 21 de chaque mois, est une journée dédiée au mausolée de Daishi, auquel viennent prier de nombreux fidèles, et l’on tient une cérémonie pour le remercier de ses bienfaits.

Dogyo Ninin (Kobo Daishi est toujours avec moi)

Le pèlerinage de Shikoku passe par des lieux historiques liés à la vie de Kobo Daishi. Auparavant, les temples offrant des amulettes marquant les différentes étapes du pèlerinage (fudasho) n’existaient pas, et les fidèles témoignaient alors de leur foi en clouant des étiquettes en bois (kifuda) et de l’or sur les bâtiments des temples. En souvenir de cette époque aujourd’hui révolue, on emploie encore le verbe « clouer » pour désigner encore le fait d’arriver à un temple fudasho. On a récemment établi un parcours recensant 88 temples fudasho, couvrant une distance de 1450 kilomètres, et représentant le parcours spirituel de Kobo Daishi. Ainsi, le département de Tokushima est considéré comme le lieu du hoshin (d’éveil spirituel), le département de Kochi celui du shugyo (de l’ascèse), le département d’Ehime est celui du bodai (celui de l’illumination) et le département de Kagawa est celui du nehan (nirvana). Ce pèlerinage a donné naissance à l’expression « Dogyo Nini » (« Daishi est toujours avec moi », car même lorsqu’il voyage seul, le pèlerin raffine son esprit et son corps avec Daishi, ne faisant qu’un avec le maître, comme l’exprime les vers suivants : « Oh joie, que je parte, que j’arrive ou que je m’arrête, je suis de pair avec Daishi ».

On raconte que le pèlerinage de Shikoku commença par le périple d’un homme venu d’Ebara dans le département d’Ehime, Saburo Emon. Très riche, il avait la réputation d’être très avare, et l’appât du gain le portait même à des actes d’une grande cruauté. Un jour, un moine tout crotté se présenta à sa porte, demandant l’aumône. Ce n’était autre que Daishi. Saburo le renvoya, mais Daishi revenait sans cesse mendier à sa porte, tant et si bien que Saburo, excédé, lui arracha le bol à aumône qu’il tenait dans ses mains et le fracassa au sol en le maudissant. Après ce jour, le moine ne se présenta plus à sa porte, mais la malchance s’acharna sur les huit enfants de Saburo Emon, qui périrent l’un après l’autre. La rumeur circula, et l’on se demandait si ce moine ascétique n’était autre que le puissant Kukai, qui parcourait alors Shikoku en quête de savoir. Saburo Emon réalisa alors son erreur : « Dans mon avarice inhumaine, j’ai refusé la charité, et même détruit le bol à aumône de Kukai. Mes enfants furent tous frappés de malchance et moururent l’un après l’autre, il s’agit sûrement d’une punition divine… ». Alors, pour retrouver le moine et s’excuser auprès de lui, Saburo fit don de tous ses biens et se mit à parcourir l’île de Shikoku en quête de Daishi, et c’est de son parcours que descendrait le pèlerinage actuel.

Kudoyama Choishimichi (le chemin des bornes de pierre)

Il existe, depuis des temps reculés, plusieurs routes menant au Koyasan. Ces routes se rejoignent en s’approchant du mont Koya, puis se séparent en sept routes différentes, que l’on appelle les koya nanaguchi (les sept portes du mont Koya). Parmi ces sept routes, la route menant du temple Kudoyama Josonin jusqu’au sommet de la montagne s’appelle la « Choishimichi », et était autrefois marquée par des stèles ou stupas en bois érigés par Daishi lors de la fondation du Koyasan. C’est également au temple Jisonin que vint s’installer la mère de Daishi, qui descendait de la montagne neuf fois par mois pour la retrouver, et c’est pourquoi la zone autour du temple Josonin a pris le nom de « Kudoyama » (montagne des neuf fois).

Le stupa de Daishi se détériora rapidement, c’est pourquoi à l’époque de Kamakura (1185-1333), le 9e moine Ajari du Koyasan Henshokoin, Sojo Kakukyo, lança un appel à agir pour sa restauration, demandant de l’aide auprès de personnes importantes comme l’empereur Sage et Hojo Tokimune. Il put alors remplacer le bois pourri par des gorintobata (stupa à cinq étages) en pierre, placés à chaque cho (environ 109 mètres). Il y a actuellement 180 bornes de pierre, commençant au Konpon Daito et se poursuivant jusqu’au temple Josonin, ornées de 180 mandalas Taizo (mandala du Royaume de la Matrice). De plus, le chemin allant de la Pagode Daito jusqu’à l’Okunoin est marqué par 36 bornes séparées d’un cho chacune, ornées de 36 mandalas Kongo (mandala du Royaume du Diamant), le deux chemins illustrant ainsi les mandalas des Deux Royaumes. Les 36 bornes furent construites par groupes de quatre et prirent, dit-on, 20 ans à terminer. Ce chemin est un endroit sacré très important, visité par de nombreux fidèles, et aussi par les empereurs, car chaque nouvel empereur, au début de son règne, est tenu de monter en haut de la montagne en suivant ce chemin, et s’arrêtant pour prier à chaque cho.